Nicolas, peux-tu nous présenter nyuko?
Chez nyuko, nous sommes intimement convaincus que l’on ne naît pas entrepreneur, mais qu’on le devient. Le cofondateur de LinkedIn décrit l’entrepreneur comme une personne qui « saute du haut d’une falaise et qui construit un avion pendant sa chute ». Notre mission chez nyuko est d’accompagner l’entrepreneur dans la construction de cet avion. Cet accompagnement passe par du mentorat, à savoir la présence d’entrepreneurs chevronnés, qui sont passés par les galères des premiers mois difficiles, qui ont connu des hauts et des bas et qui sont ainsi capables de transmettre les leçons de leur expérience, échecs y compris. Notre accompagnement est également synonyme d’expertise ; quel que soit le domaine dans lequel se trouvent les entrepreneurs de notre communauté, nous sommes en mesure d'identifie un ou plusieurs experts qui étudieront avec eux, les opportunité de marché viable. L’accompagnement de nyuko comporte en outre de la formation tout au long de l’année, pour les aider à construire cet avion avant de se retrouver planté au pied de la falaise.
Enfin, notre accompagnement consiste en l’accès au financement. Et c’est précisément mon rôle au sein de nyuko : assister l’entrepreneur dans cette quête de ressources. Je veux que nos entrepreneurs consacrent 200% de leur temps à l’essentiel : obtenir le choix de leurs prospects, les transformer en clients et délivrer leur proposition de valeur. Du financement à risque, au Luxembourg, il y en a et pas qu’un peu. A moi cependant de concilier, d’une part, ceux qui ont des idées à mettre en œuvre avec, d’autre part, ceux qui ont déjà réussi, financièrement j’entends. C’est ainsi qu’au quotidien, je rencontre un par un les entrepreneurs de notre communauté afin de définir ensemble leur besoin de financement. Une fois celui-ci mis sur table, je me l’approprie pour ensuite solliciter les sources de financement appropriées.
Quelles sont les principales sources de financement au Luxembourg ?
Pour grossir le trait, je les catégoriserais en trois interlocuteurs principaux. Dans une situation d’amorçage – à savoir en démarrage d’activité – je vais avoir tendance à m’adresser aux investisseurs privés.
Parmi eux, on trouve des particuliers, qui ont du temps et de l’argent à consacrer aux porteurs de projets, et que l’on surnomme business angels. On trouve également les fonds de capital-risque, dits les « VCs », dont les moyens et exigences sont plus élevés. Sur cette première catégorie de financement, la compétition est rude. Il va falloir sortir son épingle du jeu, notamment en transformant les complexités et difficultés de du quotidien en une histoire simple et agréable à écouter. Je vais ainsi m’enfermer deux heures avec les plus vaillants de nos entrepreneurs, pour, entre autres, reprendre de A à Z leur teaser, document de présentation qui a pour but de faire une excellente première impression. Je rappelle que cette option de financement est également favorable aux projets plus avancés et en forte croissance.
Viennent ensuite les banques. Elles ont souvent été décriées dans le monde de l’entrepreneuriat. Je trouve qu’elles ont très bien réagi, puisqu’elles sont de plus en plus nombreuses à dégainer la carte des services aux start-up. Deux d’entre elles viennent par exemple de signer un accord avec le Fonds Européen d’Investissement, grâce auquel ce dernier cautionne jusqu’à 50% des montants empruntés par des projets innovants. Ce mois-ci je rencontrais un entrepreneur qui bouclait une importante levée de fonds, il ne s’est pas fait prier d’y coupler de la dette bancaire via ce mécanisme. Il n’y a pas une semaine sans que je ne sois en contact avec une banque et ne discute des progrès de telle ou telle start-up qui les sollicite. Je positionne nyuko funding en garde-fou : les entrepreneurs doivent professionnaliser leur approche aux banquiers et les banquiers doivent faire passer leurs messages d’exigence, pour que les deux parties se rencontrent de façon efficace. Je soupçonne nos amis banquiers de vouloir prendre part à ce formidable mouvement auquel nous assistons dans le pays. Notre communauté les accueille à bras ouverts, nous avons beaucoup à apprendre de leur expertise.
Enfin, la troisième source de financement importante au Luxembourg, à mes yeux, sont les aides publiques. Nous appliquons au Luxembourg les meilleurs des réglementations européennes en terme d’aide aux entreprises. C’est ainsi que le gouvernement estime à 200 millions d’euros les dépenses étatiques liées au régime de promotion de la recherche, du développement et de l’innovation entre 2016 et 2020. Nous travaillons ainsi en étroite relation avec Luxinnovation, l’Agence pour l’Innovation et la Recherche, acteur incontournable qui devient agence de financement. J’ai travaillé, avant de rejoindre nyuko, deux années aux côtés de Pascal Fabing, responsable des programmes de financement nationaux chez Luxinnovation. nyuko funding est ainsi capable de rapidement identifier les opportunités d’aides étatiques qui s’offrent aux membres de la communauté nyuko.
Quel est ton point de vue sur la qualité des projets aux Luxembourg ?
Permettez-moi d’abord d’avancer que les entrepreneurs du Grand-Duché sont formidables. Ce sont des personnes qui ont l’accès facile à de grandes carrières dans les nombreux groupes de la place, mais qui les balayent du revers de la main. On pressent un désir de liberté qui s’exprime et qui devient une réalité, lorsqu’ils sont bien accompagnés. L’un d’entre eux, que je suis au quotidien sur sa levée de fonds, structurait, l’année dernière encore, des transactions de champs éoliens sur des montants mirobolants. Il passe désormais son temps sur les circuits de marathons et autres courses, où il source ses clients pour ses produits nutritionnistes pour sportifs. Un autre hier créait la branche TV d’un opérateur téléphonique et se retrouve aujourd’hui à lever des fonds pour son projet de métadonnées dans l’hôtellerie. Un troisième chutait à vélo avec sa fille à l’arrière et décidait de créer un vélo électrique sécurisé pour familles nombreuses. J’ai investi, à titre personnel, dans cinq start-up françaises et constate que les porteurs de projets dans des villes comme Paris, Londres ou Berlin, sont bien meilleurs que nous pour se présenter. Ma mission est désormais claire chez nyuko : prendre les best practices de ces exemples et les enseigner au travers de notre communauté. Un investisseur au Luxembourg ne devra bientôt plus se déplacer hors de nos frontières pour trouver la perle rare.
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