nyuko a récemment accueilli les chercheurs du Luxembourg Center for Systems Biomedicine (LCSB) de l’Université du Luxembourg pour une formation « deep dive » à l’entrepreneuriat de 3 jours. Nicolas Buck (introduction à l’entrepreneuriat), Pierre Pfeiffer (profil entrepreneurial) et Frédéric Ooms (introduction à la méthodologie Lean Canvas) ont tour à tour sensibilisé et formé cette troupe d’innovateurs menée par Erica Monfardini, directrice des opérations du LCSB, à l’Université du Luxembourg.
Erica Monfardini, vous êtes directrice des opérations au LCSB. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre mission?
Je suis en charge des opérations et du développement organisationnel du LCSB. L’un de mes objectifs principaux est la valorisation des innovations scientifiques dans les domaines de la biomédecine et des applications ICT à travers la promotion de l’entrepreneuriat, de la création d’entreprises spin-off et de l’octroi de licences de propriété intellectuelle.
Où en est l’entrepreneuriat dans le secteur de la recherche aujourd’hui au Luxembourg ?
Je dirais que l’on est toujours au début de l’aventure. Quand les chercheurs rejoignent le LCSB, leur objectif principal est de réussir leur PhD ou leur projet de recherche et ils ont malheureusement peu de temps pour le reste. Nous avons donc créé au LCSB une équipe « innovation », dont le rôle est de rapprocher les chercheurs de tout ce qui est relatif au marché et à l’entrepreneuriat. L’objectif est d’augmenter la masse critique de projets qui pourraient aboutir en entreprises potentielles. Le point positif c’est que les chercheurs sont extrêmement curieux, désireux d’apprendre et de résoudre des problèmes. Ils se rapprochent souvent de l’équipe innovation quand ils souhaitent soumettre un brevet ou ont une idée qu’ils veulent évaluer.
Quels sont les défis pour des chercheurs souhaitant devenir entrepreneurs?
Au Luxembourg on en compte plusieurs:
- Ils doivent comprendre ce que l’entrepreneuriat veut dire, et parfois même le vivre, mais sans ralentir leur rythme de leur recherche. Ce rythme et leur positionnement international sont très importants au LCSB et ne peuvent pas être mis en suspens longtemps. Cela veut dire que l’apprentissage doit être effectué en douceur et que seuls les personnes très efficaces et motivées peuvent y parvenir.
- Un autre challenge concerne le changement de statut, de mentalité. La façon dont les chercheurs et les entrepreneurs travaillent est complètement différente, autant que les raisons qui les motivent. Souvent les chercheurs rechignent à partager leurs idées, car dans un environnement international compétitif cela peut conduire à rater la possibilité publier dans un journal réputé. Or si les entrepreneurs ne partagent pas leurs idées et leur vision, ils ne trouveront pas les bons mentors, investisseurs, partenaires, clients … Pour que ce changement de mentalité s’installe, le LCSB doit mettre en place des outils reconnus et acceptés par la direction et même aller plus loin! C’est sur quoi nous travaillons actuellement. Nous essayons de trouver des fonds pour aider non seulement le LCSB mais également toute l’Université à lancer une série d’initiatives pour rapprocher les chercheurs et les entrepreneurs. Je pense par exemple à des workshops pour construire et tester des prototypes ou pour partager, conceptualiser, développer et formaliser des idées pour d’éventuelles futures entreprises. Ainsi, le changement de mentalité de nos chercheurs se fera de manière structurée et ils auront les outils nécessaires pour avoir le courage de se lancer.
Est-ce une situation spécifique au Luxembourg?
Dans d’autres pays où l’écosystème des start-up est beaucoup plus développé comme les Etats-Unis ou Israel, les conditions économiques et les conditions de vie sont bien moins favorables qu’au Luxembourg, et il est plus difficile de trouver un travail fixe bien rémunéré. Le « stress de survivre », comme l’a également souligné Nicolas Buck lors de la formation, est l’une des prérogatives nécessaires à tout esprit entrepreneurial. En analysant sur les dernières années la manière dont les centres de recherches au Luxembourg ont attiré les chercheurs, le constat est assez intéressant : des professionnels hautement qualifiés, venant du monde entier (le LCSB et le SnT, les deux centres interdisciplinaires de l’Université de Luxembourg, affichent plus de 45 nationalités). Après une période de 3 à 5 ans, ils sont obligés de quitter leur travail de recherche. Dans la plupart des cas, ils se sont installés ici et c’est donc avec regret qu’ils quittent le Luxembourg. En bref, le Luxembourg a une opportunité énorme de retenir les talents sur lesquels il a investi pendant des années en les encourageant à créer des entreprises dans le pays. Il faut juste mettre en place quelques initiatives pour les aider à considérer sérieusement cette option, au lieu de les laisser chercher d’autres opportunités hors de nos frontières.
Quelles sont les attentes du LCSB par rapport à nyuko?
Mes attentes à propos de la formation à l’entrepreneuriat et du rôle de nyuko en général sont très hautes. Je suis convaincue que les capacités de nyuko sont nécessaires pour aider nos chercheurs à opérer le changement de mentalité dont nous avons discuté, et à se transformer en entrepreneurs. La formation est une très bonne approche pour les inciter à penser différemment, d’une façon plus ouverte et plus interactive. Elle a été très bien perçue par les chercheurs, cela les a poussés à sortir de leur zone de confort. Cette formation à nyuko est clairement l’une de nos initiatives phares pour former les esprits entrepreneurs du LCSB. Nous travaillons également à intégrer cette formation dans le cadre des cours que les doctorants doivent suivre.
En conclusion, nous aimerions approfondir notre collaboration avec nyuko pour développer d’autres initiatives visant à booster l’entrepreneuriat dans les centres de recherches du Luxembourg. Nous croyons fermement que le LCSB seul ne peut pas accomplir un si gros projet, et que nous avons besoin de l’expertise des acteurs déjà implantés, comme nyuko, pour accroître la masse critique d’entrepreneurs au Luxembourg.
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