Vous vous demandez peut-être comment une coopérative fonctionne ? Combien de membres participent ? Quelle est l'implication de ceux-ci ? Et finalement, quel intérêt à créer une structure qui va devoir gérer tout un groupe de membres ?
Pour commencer, voici les principales informations légales sur les sociétés coopératives au Luxembourg [1] :
Associés | Minimum 2 – pas de maximum |
Capital | Pas de minimum – pas de maximum |
Responsabilité des associés | Limitée ou illimitée - au choix |
Cession des parts | Non cessibles ou transmissibles aux tiers |
Acte de constitution | Sous seing privé ou notarié |
Gestion quotidienne | Règles applicable aux SA (système moniste ou dualiste), si non stipulé différemment dans les statuts |
Pour comprendre tous les tenants et les aboutissants de ce fonctionnement, prenons l’exemple de la coopérative OUNI, la première épicerie zéro déchet du Luxembourg, dont je suis moi-même membre. Pour financer ce projet pionnier, les fondatrices ont lancé un appel à toute personne partageant leurs valeurs et désirant se joindre à elles. L’appel a été relayé sur les réseaux sociaux, dans la presse et lors d’évènements de présentation. C’est ici que tout l’intérêt d’une coopérative se démontre : elle se définit surtout par une philosophie de gestion participative et compte une multiplicité d’acteurs. Cette approche permet d’engager et de faire contribuer un nombre important de membres qui œuvrent aux côtés des associés. Dans le cas d’OUNI, la coopérative compte aujourd'hui 7 associées et plus de 250 membres détenant l'équivalent de plus de 180.000 euros en parts.
Une coopérative se définit surtout par une philosophie de gestion participative et compte une multiplicité d’acteurs.
Parmi les membres d’OUNI figurent les "membres" et les "membres actifs". Les membres détiennent tous une part sociale chez OUNI et peu importe leur apport monétaire, un membre représente une voix. Les membres étant aussi propriétaires de la coopérative, on peut ici parler d’un « crowdfunding amélioré ». En effet, les membres ne font pas uniquement vivre OUNI financièrement, mais constituent une réelle communauté autour de l’épicerie sans emballages. Les membres actifs s’engagent en plus à deux heures mensuelles de travail au sein de la coopérative. Mais comment cela prend-t-il forme dans la pratique ?
Après une courte formation à l’hygiène et à la gestion générale du magasin les membres actifs contribuent activement au fonctionnement d’OUNI. En plus du travail dans l’épicerie, OUNI dispose de « groupes de travail » par thématiques telles que les finances ou la communication. Ainsi, au-delà des assemblées officielles des associés et membres du conseil d’administration, les membres pratiquent une intelligence collective pour faire face aux divers défis rencontrés et pour prendre les décisions quotidiennes. Cet engagement collectif est particulièrement intéressant pour les entreprises issues du domaine social et solidaire. Pourquoi ?
Les membres ne font pas uniquement vivre OUNI financièrement, mais constituent une réelle communauté autour de l’épicerie sans emballages.
Certes lorsqu’on choisit de se lancer sous forme d’une coopérative, on prend le parti de coordonner un groupe de membres. L’avantage de ce choix, c’est que la communauté est mobilisée en amont de la création. Ainsi, l’épicerie a pu tester l’intérêt du « marché » pour son offre avant même de se lancer. Une fois créée l’épicerie a bénéficié dès le départ d’une base clients, composée de ses 250 membres mais aussi de leurs cercles de connaissances. Une base solide pour l’épicerie ! Finalement, vu l’implication financière des membres dans la coopérative, l’énergie collective mise à profit du bon fonctionnement et du développement de l’épicerie est également multipliée.
En bref, la coopérative est stratégique pour rallier une communauté autour de sa cause, tester son marché et développer celui-ci. Ce mode de fonctionnement participatif est indéniablement avantageux pour les entreprises sociales et solidaires qui évoluent grâce à la démocratisation de l’engagement du citoyen lambda.
Personnellement, OUNI m’a offert l’opportunité de m’investir dans une structure qui s’engage pour l’environnement et la santé des citoyens. En plus, j’ai la possibilité de participer activement à son développement et à son processus de prise de décision. OUNI me permet aussi de rencontrer des personnes qui comme moi sont sensibles à la réduction des déchets. Vive la coopérative !
[1] http://www.guichet.public.lu/entreprises/fr/creation-developpement/forme-juridique/societe-capitaux/sc/index.html
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